Centre culturel Rapadou : le spectacle « San » pour restituer les travaux d’une formation en psycho-théâtre

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Le Centre culturel Rapadou (CCR) a présenté, le samedi 1er octobre 2022, un spectacle de rue à Fouchard, Carrefour-Feuilles, pour restituer les travaux réalisés dans le cadre de trois (3) semaines de formation en psycho-théâtre. Sous les regards des riveraines et riverains de la zone et d’une quarantaine de personnes venues expressément pour le spectacle, quinze (15) jeunes dont huit (8) filles et sept (7) garçons ont rendu un peu de ce qu’ils ont appris pendant les séances de formations animées par Yves Marie Gustave, Sidney Dino Narcisse et Amos Saint-Louis.

Vêtu.e.s de noir et couvert.e.s d’un drap blanc, les comédien.ne.s ont poussé des cris pour ouvrir le spectacle, assouvissant ainsi la soif des assistant.e.s qui ont attendu plus de quarante-cinq (45) minutes après l’heure annoncée. « Fwa sa a san an pa koule, se kankannen l kankannen nan flanm balèn » comptent parmi les vers déclamés par l’artiste Michelle St Félix pour enchaîner.

Les comédien.ne.s ont joué, pendant une trentaine de minutes, des extraits de « San », un recueil de poèmes de Bonel Auguste. La situation alarmante d’Haïti, la mort, le malheur, etc. ont été les termes dominants de ce spectacle dont nous avons retenu quelques vers : « Nan peyi isit, lè w mande solèy sa l pi pito, li rele san ; pa gen lanmò nan lanmò, se nan lavi ki gen lanmò ; ki mele yo ak kadak nou ?…». Pour présenter le spectacle, les jeunes artistes ont partiellement contrôlé la circulation au niveau de l’avenue Fouchard, à l’entrée de la Bibliothèque communautaire de Carrefour-Feuilles logée dans les locaux de l’Organisation Bisou Bisou Haïti.

Pour Pharrah Dérice, l’une des comédiennes, l’expérience a été satisfaisante. « J’ai toujours voulu suivre une formation en théâtre, c’est la première fois qu’il m’a été offerte la possibilité, c’était vraiment parfait », a-t-elle apprécié.

De son côté, Pierre-Antoine Laguerre, élève du NS2 ayant suivi tout le spectacle, a apprécié la manière dont les artistes ont parlé de la mort. Préalablement intéressé au théâtre grâce à son école, le spectacle « San » a incité ce jeune à se fixer l’objectif de faire partie d’une troupe de théâtre, car pour lui cet art aide à se former et à se libérer du stress.

Pour sa part, Samuel Dorsinville dit Sambo, habitant du quartier, a estimé que le spectacle « San » a été un privilège pour les riverain.e.s de Fouchard qui ne l’ont pas pourtant attendu. « Dans un contexte où les écoles ne peuvent pas rouvrir leurs portes, le carburant est rare, l’eau est inaccessible dans le quartier, un spectacle traitant des problèmes sociaux de l’heure produit ici nous a été avantageux », a précisé le comédien. Questionné sur l’avenir du théâtre en Haïti, l’ancien footballeur a estimé que « la situation est délicate, car cet art n’est pas inscrit dans l’agenda des autorités politiques ». Toutefois, estimant que grâce à l’internet les comédien.ne.s peuvent espérer quelque chose, il les a encouragé à produire sans arrêt.

Parmi les vingt-cinq (25) jeunes provenant de Delmas, de Canapé-vert, de Portail-Léogâne et  de Carrefour-Feuilles inscrits pour la formation, beaucoup d’entre eux ont été à leur coup d’essai. Quoi qu’ils soient novices en la matière, la comédienne Michelle St Félix qui a accompagné les animateurs a jugé bonne l’expérience. Selon elle, malgré la difficile situation d’Haïti, le théâtre a de l’avenir dans le pays vu la liberté qu’il offre aux acteurs et actrices tout en leur offrant un espace de défoulement. « Le théâtre nous donne la possibilité de mieux vivre », a souligné l’artiste.

« Même en temps de crise, l’artiste doit créer. » Voilà le principe qui a amené Yves Marie Gustave à contribuer comme animateur à cette formation et metteur en scène du spectacle. Il espère que les participant.e.s profiteront pleinement des savoirs acquis lors de cette expérience. « Je ne souhaite pas que cela s’arrête ici, les participants doivent considérer cette formation comme un booster en vue de faire carrière dans le domaine du théâtre », a-t-il dit avec beaucoup de passion.

Malgré les difficultés rencontrées pendant la tenue de cette formation, Sidney Dino Narcisse, le président du CCR, s’est dit satisfait. « Nous ne regrettons pas ce moment passé », a-t-il rassuré avant de préciser qu’il n’a reçu aucun soutien financier externe pour la réalisation de cette activité. Plus loin, il a informé, en termes de suivi, que le CCR mettra sur pied une troupe de théâtre que les participant.e.s à la formation intègreront automatiquement.

Fondé le 04 juillet 2020, le Centre culturel Rapadou (CCR) est administré par un comité de dix (10) membres. Grâce à un partenariat avec l’organisation Bisou Bisou Haïti, le CCR est logé au numéro 43 à l’avenue Fouchard.

Wisvel Mondélice

Ashley JEAN BAPTISTE
Je suis Ashley JEAN BAPTISTE, avocat du barreau de Mirebalais, licencié en Sciences de l'Education et copropriétaire de l'agence de presse en ligne Haïti Post