L’artiste Lionel St-Éloi honoré par le Centre culturel Rapadou

Smiley face

Par Wisvel Mondélice

Dans le cadre de sa « Balade découverte », le Centre culturel Rapadou (CCR) a visité l’artiste Lionel St-Éloi, à Carrefour-Feuilles, quartier de sa résidence, le samedi 08 octobre 2022. Accompagné de son fils, Duckyns Saint-Eloi dit Zikiki, le sculpteur a accueilli avec enthousiasme une cinquantaine de jeunes.

Entre la rue Mgr Guilloux et l’Impasse Timoléon à Carrefour-Feuilles se trouve l’Impasse St-Éloi où résident Lionel et sa famille d’artistes. Piétons, motocyclettes et camions surchargés accélèrent sur la voie menant à Ti Kajou, le nouvel itinéraire de la population pour fuir la guerre des gangs à Martissant. Des sculptures et autres œuvres artistiques sont exposées au bord de ladite Impasse jusqu’au terrain Saye. Les visiteurs et visiteuses ont été reçu.e.s par Duckyns Saint-Eloi, le cofondateur du groupe Yzra’El. Après son ouverture chaleureuse, il a laissé la place au président du CCR, Sidney Dino Narcisse, qui a contextualisé la rencontre. « Cette visite est placée dans le cadre de Balade découverte, l’une des activités du Centre culturel Rapadou (CCR) organisée chaque trois mois pour valoriser les patrimoines historiques et culturels d’Haïti et amener les jeunes à prendre connaissance des personnages du secteur culturel haïtien », a-t-il précisé. Puis, la rencontre a été poursuivie par un jeu de questions-réponses entre les jeunes et Lionel soutenu par Duckyns dont nous avons noté les temps forts.

Lionel est né à l’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH) et a grandi entre Carrefour-Feuilles et Bas-peu-de-chose. Il a intégré le Centre d’Art en 1972 et depuis il fait de la peinture. Sa première œuvre est une procession en faveur de la Paroisse Saint Gérard de Carrefour-Feuilles et sa dernière est un gigantesque tableau métallique nommé « Se te byen konte mal kalkile » exposé au Centre d’Art (58, rue Roy, Port-au-Prince).

Lionel ne fait que de l’art. « Je vis grâce à l’art, je n’ai jamais eu d’autres activités. L’art me permet de prendre soin de ma famille, de bâtir ma maison, de m’acheter une voiture, etc. », a raconté fièrement l’artiste. À juste titre, Lionel a plusieurs cordes à son arc : il est à la fois peintre, sculpteur, musicien et chanteur. Ces arts se rencontrent harmonieusement chez lui. Le début officiel de sa carrière artistique date de 1978. Son passage de la peinture à la sculpture est dû à une expérience particulière : « Je travaille du coton à l’acier afin que je puisse toucher à tout. Quand il m’est difficile de trouver une matière, je m’en sers d’autres pour produire. C’est un manque de peinture causé par l’embargo de 1991 qui m’a amené à la sculpture. À ce moment-là, j’ai réalisé une épée dont on m’a proposé le nom “La croix de l’épée” », a-t-il expliqué. De toutes les œuvres de Lionel, Zikiki a confié qu’il préfère le mausolée érigé au cimetière de Port-au-Prince en mémoire des victimes du séisme du 12 janvier 2010.

Le vaudou occupe une place importante dans les œuvres de Lionel dont il représente des personnages tels Legba, Erzulie, Dambalah. N’étant pas un initié, a-t-il souligné maintes fois, il a avoué toutefois qu’entre lui et le vaudou n’existe aucune dissociation. « L’art a une partie spirituelle », a-t-il soutenu. Se servant de ses cinq (5) sens comme source d’inspiration, Lionel s’est définit comme un illusionniste. « Je transforme mes illusions en réalité, c’est ce que je fais constamment dans mes œuvres en me servant de tous mes cinq (5) sens », a-t-il clarifié.

Lionel St-Éloi est aussi une vie de partage. Sa maison a toujours été un espace de jeu et un atelier où les jeunes du quartier viennent apprendre. En 2012, il a fondé la Famille des artistes de Carrefour-Feuilles (FAMARTCAF) en vue de transmettre ses compétences à d’autres générations. Cette structure donne des formations en musique, peinture, chant, etc. Lionel a informé que des travaux sont actuellement en cours en vue de construire l’édifice de la FAMARTCAF.

Pour mettre fin malheureusement à cette première balade qui a duré plus de deux (2) heures, les artistes Sidney Dino Narcisse, Michelle La Comédienne et Amos St Louis ainsi que les musiciens et musiciennes de FAMARTCAF ont donné des prestations avant la prise de quelques photos-souvenirs.

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Ashley JEAN BAPTISTE
Je suis Ashley JEAN BAPTISTE, avocat du barreau de Mirebalais, licencié en Sciences de l'Education et copropriétaire de l'agence de presse en ligne Haïti Post